Traumatisme infantile et PTSD : Techniques de diagnostic essentielles !

par adm

                Traumatisme de l'enfance et trouble du stress post-traumatique : comment le diagnostiquer ?

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) affecte également les jeunes populations. Les enfants et adolescents peuvent être victimes de ce trouble suite à des expériences traumatisantes. Pour mieux comprendre comment identifier et traiter ce problème, nous nous sommes entretenus avec Mélody Fournier, psychologue spécialisée dans le suivi des jeunes et responsable de la formation et des pratiques optimales au Cn2r.

En France, tous les trois minutes, un enfant subit un inceste, un viol ou une agression sexuelle – ce qui représente environ 160 000 cas annuels selon le CIIVISE – et chaque semaine, un enfant meurt des suites de violences parentales. Ces actes de violence, souvent dissimulés, deviennent un fardeau secret pour ceux qui en souffrent. « Accidents, agressions, harcèlement à l’école, mauvais traitements, violences au sein de la famille, abus sexuels, inceste, attentats, guerres, migrations, catastrophes naturelles, décès violent d’un proche : ces incidents peuvent engendrer des traumatismes psychiques profonds et conduire à un trouble de stress post-traumatique », souligne le Centre national de ressources et de résilience (Cn2r).

Le concept de psychotraumatisme chez l’enfant est similaire à celui observé chez l’adulte. D’après le DSM-5, la cinquième édition du manuel de diagnostic et de statistiques des troubles mentaux publié par l’Association américaine de psychiatrie, il est nécessaire de « avoir été confronté à une situation de mort imminente, à une menace de mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles, que ce soit en étant directement impliqué, témoin ou en apprenant que des membres de la famille ou des amis proches ont été victimes de tels événements. »

Identification d’un enfant traumatisé : Quels sont les quatre principaux symptômes du TSPT chez l’enfant ?

Les critères pour diagnostiquer un trouble du stress post-traumatique chez un jeune sont similaires à ceux utilisés pour un adulte. Ils incluent :

  • des pensées envahissantes, des flashbacks diurnes ou des cauchemars nocturnes relatifs à l’événement traumatisant ;
  • l’adoption de stratégies pour éviter les situations, les personnes ou les pensées qui rappellent le trauma ;
  • une hyper-réactivité : vigilance constante, sursauts, irritabilité, troubles du sommeil ;
  • des émotions négatives intenses : culpabilité, honte, colère, peur, tristesse…

Pour les enfants de moins de 6 ans

« Le DSM-5 distingue les réactions des enfants de moins de 6 ans de celles des plus âgés, explique Mélody Fournier. Chez les plus jeunes, les reviviscences prennent souvent la forme de jeux répétitifs où l’enfant rejoue continuellement le trauma avec ses jouets. De même, les cauchemars peuvent ne pas être directement liés à l’événement traumatisant. Par exemple, ils peuvent rêver de monstres ou de tigres. L’important est de comprendre pourquoi ces symptômes se manifestent de cette manière. »

Chez les enfants de plus de 6 ans et les adolescents

Les enfants peuvent également refuser d’aller à l’école ou de dormir seuls, avoir des difficultés à s’endormir, se replier sur eux-mêmes, perdre l’intérêt pour leurs activités habituelles, souffrir de perte d’appétit, ou rencontrer des problèmes de concentration et d’attention. « Face à un événement traumatisant, l’enfant mobilise une grande partie de ses ressources et de son attention, ce qui peut perturber ses capacités d’apprentissage et de développement. Il est également susceptible de vivre des conflits plus fréquents avec ses proches, » ajoute le Cn2r. Et de conclure : « Si ces signes persistent pendant plus d’un mois et que l’enfant ne parvient pas à reprendre sa vie normale à la maison ou à l’école, il est crucial de consulter un professionnel. Il est essentiel d’identifier et de traiter ces troubles rapidement, car outre les symptômes immédiats, le TSPT peut compromettre le développement de l’enfant, affecter sa capacité à réguler ses émotions, à établir des liens, à apprendre, à socialiser et à nouer des relations. »

Chez les adolescents, les symptômes du trouble du stress post-traumatique peuvent aussi se traduire par un repli sur soi, des symptômes somatiques (maux de ventre, maux de tête…), des changements d’attitude et d’humeur, l’apparition de troubles du comportement (anorexie, boulimie, automutilation, fugues…) ou encore des comportements à risque tels que la consommation d’alcool, de médicaments ou de drogues.

« Il est crucial que les parents et les enseignants soient attentifs à ces signes précurseurs », confie la psychologue.

Abus sexuels, viols, maltraitance : quelles répercussions sur l’enfance ?

Selon une recherche réalisée par des psychologues de l’Institut de recherche médicale Hospital del Mar (IMIM, Barcelone) et publiée dans les European Archives of Psychiatry and Clinical Neuroscience, subir un trauma psychologique pendant l’enfance triple le risque de développer un trouble mental à l’âge adulte. « Les formes les plus fréquentes de traumatismes infantiles incluent les abus émotionnels, physiques et sexuels, ainsi que la négligence émotionnelle ou physique et l’intimidation, » complètent ces experts.

Quels sont les facteurs de risque de développer un trouble du stress post-traumatique ?

Certains enfants ne développeront pas de trouble du stress post-traumatique après un psychotrauma. Toutefois, plusieurs facteurs, tels que la gravité de l’événement, le manque de soutien social et des antécédents de traumatismes, peuvent augmenter ce risque. « Cela dépend du type de l’événement traumatisant, de son impact subjectif et des ressources disponibles à ce moment, » confirme Mélody Fournier. « Par exemple, un enfant qui ne sait pas gérer ses émotions, qui n’a personne pour le rassurer et qui souffre de carences affectives est plus susceptible de développer un TSPT. Le soutien social et les compétences de base sont cruciaux. »

La négligence, les abus physiques et sexuels augmentent significativement le risque de symptômes de stress post-traumatique, surtout si l’enfant a été exposé à ces traumatismes de manière répétée sur une longue période. On parle alors de trouble du stress post-traumatique complexe.

TSPT complexe : l’impact prolongé du psychotraumatisme

Le trouble du stress post-traumatique complexe résulte d’événements traumatisants prolongés et répétés, tels que des abus physiques et/ou psychologiques, des négligences ou des abus sexuels, dont il est difficile ou impossible de s’échapper.

Ces traumatismes chroniques affectent le développement psychologique et neurobiologique de l’enfant. « Vivre quotidiennement dans un environnement violent, tendu et stressant a des répercussions très négatives sur le développement de l’enfant, affirme Mélody Fournier. Le TSPT complexe se caractérise par des symptômes de trauma isolé auxquels s’ajoute une désorganisation du soi. Par exemple, une dysrégulation des émotions se manifestant chez l’enfant par une réactivité émotionnelle accrue – colère, tristesse, peur –, une anxiété de séparation, voire le développement de phobies. »

Traitement du TSPT chez l’enfant, qu’il soit isolé ou complexe

Le traitement du trouble du stress post-traumatique chez l’enfant, tout comme chez l’adulte, repose essentiellement sur la psychothérapie, en particulier les thérapies comportementales et cognitives centrées sur le trauma ou les thérapies par exposition. « Des protocoles spécifiques adaptés aux enfants sont utilisés où l’on commence par travailler leurs compétences émotionnelles et cognitives, conclut Mélody Fournier. L’objectif est de permettre au jeune patient de retrouver un sentiment de sécurité avant de traiter l’événement traumatisant. »

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