Comprendre la Nymphomanie : Addiction Sexuelle Décryptée

L’expression « Elle est nympho » est couramment utilisée de manière incorrecte pour qualifier quelqu’un ayant une forte libido. Souvent utilisée de façon péjorative, cette expression cache en réalité une pathologie liée à l’addiction.

Le terme «nymphomanie» provient des mots nymphe et mania, signifiant « la folie des femmes ». Toutefois, Grégory Fritsch, psychothérapeute spécialisé en addictologie, indique que la majorité des cas touchent des hommes.

Joyce Mc Dougall, psychanalyste néo-zélandaise, a introduit à la fin des années soixante-dix le concept de sexualité addictive, remplaçant l’ancienne notion de nymphomanie. Ce trouble résulte de diverses angoisses comportementales.

Selon Grégory Fritsch, le principal moteur de ce trouble est la recherche de soulagement. Ce comportement peut être associé à :

• Un manque de sécurité affective;
• Une incapacité à gérer la frustration;
• Un excès émotionnel;
• Des difficultés dans la stabilité conjugale;
• Un isolement affectif ou social (malgré ou à cause des plateformes de rencontres);
• Une dépression cachée, entre autres.

Les préoccupations autour de la sexualité prennent alors le dessus.

« En neuroimagerie, on observe que les neurones chargés de traiter les émotions peuvent être altérés dans certains cas d’addiction sexuelle, bien que les causes exactes soient encore méconnues », précise Grégory Fritsch.

À l’instar d’autres dépendances, des spécialistes ont distingué quatre phases dans le cycle de l’addiction sexuelle. « Les psychiatres nord-américains R.C Reed et D. Blaine ont décrit, dans leur classification nosologique, une segmentation de l’addiction sexuelle en quatre étapes », explique Grégory Fritsch :

• Obsession : face à des difficultés existentielles, la personne se concentre excessivement sur le sexe;
• Ritualisation : cette notion de systématisation persiste, bien que variable selon les individus;
• Acte sexuel : pour obtenir un apaisement temporaire de la détresse existentielle;
• Désespoir : résultant de l’impossibilité de contrôle, engendrant un sentiment d’impuissance.

Le cycle recommence alors à la première phase. « On agit pour apaiser temporairement le problème qui nous accable, mais cela ne le résout pas. Après l’acte, le problème réapparaît. L’illusion se dissipe et la tristesse, les remords, la honte et la culpabilité ressurgissent », détaille Grégory Fritsch.

L’hypersexualité ou l’addiction sexuelle se manifeste de diverses manières :

• Séduction ou sexualité compulsive, où l’autre est perçu uniquement comme un objet partiel, empêchant toute véritable relation;
• Masturbation très fréquente : considérée comme addictive à partir de 5 à 15 fois par jour selon le critère d’Eli Coleman;
• Fixation compulsive sur un partenaire inaccessible ou, à l’inverse, relations amoureuses ou sexuelles multiples;
• Une dissociation claire entre sexualité et amour, etc.

« Globalement, le sentiment est remplacé par la sensation : c’est le corps qui reçoit le « semblant » de nourriture affective recherchée », explique le psychologue clinicien.

La dépendance sexuelle présente différents niveaux de gravité : elle peut se manifester de manière occasionnelle, régulière ou systématique, souvent accompagnée d’abus et d’excès. Ces derniers cas sont généralement ceux qui causent le plus de souffrance.

« Dans les situations de forte dépendance sexuelle, il n’est pas rare que la personne fréquente des lieux propices à l’assouvissement de ses pulsions sexuelles, ou qu’elle associe ce comportement aux nouvelles technologies, voire à la prostitution. Cela peut devenir la seule occupation de l’individu, et c’est là que la douleur se manifeste, car il ressent l’impossibilité de sortir de ce cercle vicieux », continue notre expert.

De plus, ces comportements sexuels compulsifs sont souvent associés à des comorbidités telles que la consommation de drogues (GHB, Poppers, cocaïne, etc.), augmentant ainsi les comportements à risque, comme le chemsex.

« Lorsque les personnes concernées prennent la décision de consulter, l’objectif est de discuter dans un environnement neutre et bienveillant, de trouver des réponses adaptées aux difficultés personnelles, mais aussi de leur permettre d’expérimenter une relation non sexuelle, afin de pouvoir transposer cette expérience dans leur vie quotidienne. Toutefois, cette pathologie est parfois difficile à identifier car les personnes n’en parlent pas ou sous-estiment sa gravité », précise le spécialiste.

Être un homme ou une femme atteint de nymphomanie signifie donc essayer de apaiser un mal-être ou un problème existentiel par des relations sexuelles compulsives, addictives ou hyperactives. Cependant, comme le souligne Grégory Fritsch, cette situation n’est pas irréversible.

Prenez soin de vous et de votre équilibre sexuel.