L’insuffisance rénale est souvent le résultat de l’aggravation progressive de pathologies qui endommagent les reins. Nombre de personnes ne sont pas conscientes de leur état car les symptômes peuvent être très discrets. Quels sont les signes d’alerte ? Comment établit-on le diagnostic ? Quelles sont les options de traitement ? Un spécialiste en néphrologie nous éclaire.
Le rein, essentiel à notre survie, assure la filtration des déchets produits par le corps, qui sont par la suite éliminés via l’urine. Cette capacité de filtration peut se détériorer avec l’âge ou s’accélérer sous l’effet de l’hypertension ou du diabète. Cependant, la maladie rénale se développe insidieusement et peut aboutir à des traitements intensifs tels que la dialyse ou la transplantation rénale si elle n’est pas prise en charge.
La pathologie peut rester non détectée pendant longtemps, au point que certains patients ne sont diagnostiqués qu’en urgence lorsqu’ils nécessitent une dialyse. Toutefois, l’hypertension peut être un indicateur précoce, car l’insuffisance rénale affecte les petits vaisseaux sanguins des reins, explique le Pr Jean-Jacques Boffa, néphrologue.
« Le rein joue un rôle crucial dans la production d’hormones et l’élimination des déchets toxiques, son dysfonctionnement partiel ou complet a des répercussions majeures sur notre quotidien », précise France Rein (source 1).
Diabète et maladie rénale chronique
Le développement du diabète est également un signal d’alerte pour surveiller l’état des reins. « Environ 40 % des personnes diabétiques développeront une maladie rénale chronique. Une bonne gestion du diabète peut réduire ce risque », souligne le Pr Boffa. L’insuffisance rénale chronique est caractérisée par un dysfonctionnement irréversible des reins.
Diagnostic de l’insuffisance rénale
Elle se manifeste par une élévation des niveaux d’urée et de créatinine dans le sang. La fonction rénale est évaluée grâce au dosage de la créatinine sanguine, un indicateur de l’état musculaire.
Mesure du débit de filtration glomérulaire (DFG)
Depuis 2000, il est requis de mentionner, lors de chaque analyse, une mesure complémentaire précise : le débit de filtration glomérulaire (DFG). Un DFG inférieur à 60 pendant plus de trois mois indique une maladie rénale chronique.
En complément, le médecin peut solliciter une analyse d’urine pour détecter d’éventuelles anomalies telles que la présence de protéines, d’albumine ou de sang.
Vidéo explicative : Quand évoque-t-on une insuffisance rénale ?
Causes de l’insuffisance rénale
La condition est rare chez les enfants mais sa fréquence augmente avec l’âge. Les hommes sont plus susceptibles d’être affectés que les femmes.
Plus de la moitié des cas d’insuffisance rénale chronique sont attribués à :
- Le diabète ;
- L’hypertension artérielle ;
- Le tabagisme ;
- L’obésité.
Les autres causes incluent des facteurs héréditaires (la polykystose rénale touche un nouveau-né sur 1 000), une infection par le VIH ou des maladies rares.
Sans traitement, quels sont les risques de complications ?
« Les conséquences d’une absence de traitement sont considérables ! », prévient le néphrologue. En effet, la maladie rénale chronique peut entraîner des complications cardiovasculaires, une anémie (due à un défaut de production d’érythropoïétine ou EPO par le rein), ou encore des troubles métaboliques sévères (hyperkaliémie, acidose, hyperphosphatémie, etc.).
Peut-on guérir de l’insuffisance rénale ?
Le contrôle de l’hypertension artérielle est primordial en cas d’insuffisance rénale. Il existe différents médicaments antihypertenseurs, mais les bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine (tels que le losartan ou le valsartan) sont particulièrement efficaces pour combattre cette affection.
« Ces médicaments présentent un avantage supplémentaire en réduisant le taux de protéines dans les urines. Ils ont également un effet synergique lorsqu’ils sont associés à un régime pauvre en sel », explique le Pr Boffa.
Alimentation : quel régime suivre en cas d’insuffisance rénale ?
- Pour combattre l’hypertension, il est recommandé de limiter sa consommation de sel à un maximum de 6 grammes par jour ;
- Pour prévenir les complications de la maladie, il est préférable de réduire les protéines et les aliments riches en phosphore (tels que les viandes ou les produits laitiers). Le Pr Boffa résume les recommandations à suivre : « Pas plus d’un gramme de protéines par kilo par jour, soit un steak de 120 grammes pour une personne de 60 kg. Et pas plus de deux produits laitiers par jour, par exemple une portion de fromage et un yaourt. Les conseils diététiques sont adaptés selon la gravité de la maladie, la présence de complications et les habitudes alimentaires de chaque individu » ;
- Il faut boire suffisamment pour aider les reins à éliminer les déchets, mais il n’est pas nécessaire de consommer plus d’un à deux litres d’eau par jour. Il est préférable d’éviter les eaux minérales trop salées (comme Rozanna ou Vichy). En cas d’acidose métabolique, privilégiez les eaux riches en bicarbonate de calcium, telles que Salvetat.
Longévité avec une insuffisance rénale
En France, 71 000 personnes ont atteint le stade terminal de l’insuffisance rénale, période durant laquelle les reins ne remplissent plus leur fonction de filtration. Le débit de filtration glomérulaire (DFG) montre une valeur inférieure à 15.
Les symptômes se manifestent par une extrême fatigue et un dégoût prononcé pour la nourriture. Les patients ressentent des nausées car leur sang contient trop de toxines. Pr Jean-Jacques Boffa, néphrologue
Dialyse ou transplantation rénale ?
Lorsque le DFG descend entre 8 et 10, une intervention dite « de suppléance » devient nécessaire : les patients sont mis sous dialyse ou bénéficient d’une greffe de rein.
La transplantation rénale est le traitement de choix, selon le Pr Boffa. Elle offre la meilleure qualité et espérance de vie aux patients. Malheureusement, les organes disponibles sont en nombre limité et seulement 10 % des greffes de rein sont réalisées à partir d’un donneur vivant.
Il n’existe pas de limite d’âge pour une transplantation rénale. Cette opération est aujourd’hui pratiquée chez des seniors âgés de 70 ou 75 ans.
À consulter : le site de France Rein (anciennement Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux).
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