Découvrez Pourquoi Vous Entendez des Voix : Les Mystères des Hallucinations Auditives Revealed!

Les hallucinations auditives, différentes des hallucinations visuelles, olfactives ou cénesthésiques, suscitent souvent de l’inquiétude. D’où viennent-elles ? Comment sont-elles prises en charge ? Voici quelques explications d’experts.

Quand quelqu’un prétend « entendre des voix », on peut penser qu’il se prend pour Jeanne d’Arc ou qu’il a perdu le contact avec la réalité. Les hallucinations auditives sont effectivement des symptômes psychiatriques bien connus, mais elles peuvent aussi toucher n’importe qui, surtout lors de détresses psychologiques importantes.

Ce phénomène est plus commun qu’on ne le pense.

Les « voix » sont des illusions totalement créées par le cerveau. Elles résultent généralement d’un dysfonctionnement des zones cérébrales liées au langage, bien que le cortex auditif puisse également être impliqué.

Ces hallucinations auditives ne doivent pas être confondues avec la petite voix avec laquelle nous dialoguons souvent intérieurement. « Dans le dialogue intérieur, chacun est conscient de se parler à soi-même. Avec une hallucination auditive, la personne perd cette conscience et ne sait plus à qui appartient la voix. Elle tente de lui donner un sens, comme si quelqu’un lui envoyait un message », explique Thomas Langlois.

Ces voix ne doivent également pas être confondues avec des acouphènes. Les voix correspondent à des paroles ou des mots clairement prononcés, tandis que les acouphènes sont des bourdonnements ou sifflements anormalement perçus dans l’oreille ou dans le crâne.

Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine des hallucinations auditives.

Les hallucinations auditives sont fréquentes dans certaines maladies psychiatriques, notamment la schizophrénie. « Bien que tous les schizophrènes n’entendent pas des voix, un pourcentage significatif de ces patients, soit environ 70 à 80 %, en souffrent », déclare Thomas Langlois.

D’autres troubles tels que le trouble bipolaire, le trouble de la personnalité borderline ou le trouble dissociatif de l’identité peuvent aussi entraîner de telles hallucinations, particulièrement lors de périodes d’excitation ou d’anxiété élevée.

En dehors de ces troubles psychiatriques, les voix peuvent apparaître dans des périodes de stress intense ou de grande solitude. Les navigateurs solitaires, par exemple, entendent des voix. Lors de deuils, certaines personnes sont convaincues d’entendre le défunt et même de dialoguer avec lui.

La consommation d’alcool ou d’autres substances altère l’équilibre du cerveau et peut provoquer des hallucinations auditives.

Plus classiquement, il est possible d’entendre une voix au moment de l’endormissement ou au réveil, dans cet état de demi-sommeil où notre conscience n’est pas totalement éveillée.

Elles peuvent se manifester de manière ponctuelle, ou être présentes en permanence, comme un bruit de fond constant. Chez certaines personnes, les voix sont plutôt agréables et bienveillantes. Toutefois, il arrive qu’elles soient dévalorisantes, inquiétantes ou même menaçantes, en particulier chez les personnes ayant subi un traumatisme ou ayant une faible estime de soi.

Les voix peuvent-elles prendre le contrôle de la personne ? « C’est très rare, mais cela peut arriver lors de troubles psychotiques graves lorsque les capacités de contrôle de la personne sont diminuées. Plus fréquemment, il peut arriver que la voix donne un ordre et que la personne se sente impuissante face à celui-ci. Cela peut la conduire à se blesser, voire à tenter de se suicider. L’agression envers autrui est possible, mais bien plus rare », observe le psychologue.

Entendre occasionnellement une voix n’est pas alarmant.

Les proches peuvent également alerter, par exemple s’ils surprennent la personne en train de parler seule ou s’ils remarquent qu’elle évite les contacts sociaux.

Actuellement, le traitement combine médication et psychothérapie.

« Les médicaments neuroleptiques ont une efficacité limitée. Ils permettent d’apaiser le patient. Dans certains cas, cela suffit à faire disparaître les voix. Mais le plus souvent, elles résistent aux traitements médicamenteux », constate le psychologue.

À l’heure actuelle, les thérapies cognitivo-comportementales semblent être la stratégie la plus efficace. Plutôt que de chercher à éliminer les voix à tout prix, ces interventions aident le patient à mieux comprendre ses voix, à les apprivoiser et surtout à vivre avec. « En s’habituant aux voix, le patient parvient à les mettre à distance. Pour cela, on utilise des méthodes de pleine conscience, d’accueil et de compassion », explique encore le psychologue. Ces thérapies peuvent être pratiquées individuellement ou en groupe.

Thomas Langlois a développé un programme spécifique, appelé Accept Voices, qu’il met actuellement en place dans différents services de psychiatrie à Toulouse, en région Occitanie, à Paris et à Lyon. Des patients souffrant de troubles psychotiques bénéficient de six séances, en complément de leur traitement médicamenteux. Le psychologue en tire un premier bilan : « Nous obtenons de bons résultats. Les patients dédramatisent leurs voix. En acceptant de ne pas lutter contre elles, ils récupèrent des ressources psychiques qu’ils peuvent réinvestir dans leur vie. Certains entendent moins de voix ou elles sont moins anxieuses. Dans de rares cas, ils parviennent à ne plus les entendre du tout ».