Détecter la schizophrénie en un clin d’œil : ce que révèlent les tests du regard !

La schizophrénie, un trouble psychiatrique diversement manifesté, fascine les chercheurs depuis longtemps. Bien que les symptômes soient clairement identifiés, le diagnostic reste complexe. Parmi les méthodes en évaluation figurent les tests du regard, captant de plus en plus l’attention des scientifiques. Peu connus du public, ces tests pourraient transformer le dépistage de cette maladie. Que sont-ils exactement? Sont-ils accessibles à tous? Et surtout, sont-ils réellement fiables? Éclairage avec Marie-Noëlle Babinet, psychologue spécialiste en neuropsychologie et docteure dans le domaine.

La schizophrénie est un trouble psychiatrique chronique et complexe, source de peur et de curiosité. Affectant environ 1 % de la population mondiale, elle se caractérise par une altération de la perception de la réalité, avec des manifestations telles que :

• une désorganisation de la pensée.
• des symptômes positifs : hallucinations, délires. 
• des symptômes négatifs : isolement, apathie, manque de motivation, etc.
• des troubles cognitifs : problèmes de concentration, de mémoire ou de décision.

Le diagnostic s’avère particulièrement difficile et souvent retardé, car la maladie varie beaucoup et évolue par phases. « Les symptômes diffèrent d’une personne à l’autre et peuvent être confondus avec d’autres troubles psychiatriques, d’où le besoin d’un diagnostic différentiel », souligne Marie-Noëlle Babinet.

Des équipes de recherche ont développé divers tests du regard pour étudier la relation entre la schizophrénie et les anomalies du traitement visuel, notamment initiés par la Fondation FondaMental. Bien qu’encourageants, ces tests restent dans le domaine de la recherche et ne servent pas à diagnostiquer la schizophrénie ni à la prévenir, explique Marie-Noëlle Babinet. Ils aident principalement à mieux comprendre la maladie.

Comme mentionné précédemment, le diagnostic de schizophrénie repose essentiellement sur une évaluation clinique détaillée incluant des entretiens avec les patients, des observations comportementales, et l’exclusion d’autres causes potentielles. « Il se base sur des critères cliniques précis et nécessite une approche globale des symptômes, de leur persistence, et de leur impact sur la vie quotidienne des patients », précise l’experte.

Les tests de perception du regard et des émotions sont généralement réalisés sous la supervision d’un(e) neuropsychologue lors d’un bilan neuropsychologique. Ces évaluations basées sur le regard permettent d’explorer des aspects spécifiques des fonctions cognitives et émotionnelles, mais ne confirment ni n’infirment un diagnostic. « Elles peuvent être pertinentes en cas de troubles neuropsychiatriques, tels que la schizophrénie, le trouble du spectre de l’autisme, ou d’autres troubles du neurodéveloppement », précise Marie-Noelle Babinet.

Les patients atteints de schizophrénie montrent souvent des particularités ou des anomalies dans leur regard. Ils peuvent par exemple avoir des difficultés à suivre un objet en mouvement (poursuite oculaire lisse) ou à déplacer spontanément leur regard, ce qui peut donner une impression de regard fixe.

« Ces particularités ne sont pas des signes diagnostiques, mais elles peuvent fournir des indices sur les troubles de la cognition sociale ou les difficultés d’interprétation des interactions sociales », indique l’experte. Elle ajoute : « La perception du regard, notamment de sa direction, n’est pas actuellement évaluée par des tests à proprement parler. Elle repose simplement sur les observations et l’expérience clinique des professionnels experts (psychiatres ou psychologues).

Comme leur nom l’indique, les tests de perception des émotions visent à évaluer la capacité des patients à identifier et à interpréter les émotions d’autrui, généralement à partir de stimuli visuels (expressions faciales) ou auditifs (intonation de la voix).

« Ces tests nous permettent de constater des biais de perception des émotions ou de non-reconnaissance des émotions et de travailler dessus pour améliorer les interactions sociales », note Marie-Noelle Babinet. Elle détaille : « On demande aux patients d’observer des visages standardisés exprimant des émotions de base (joie, tristesse, colère, peur, surprise, dégoût), et ils doivent les identifier puis les nommer ».

À noter : certains tests se concentrent uniquement sur la région des yeux (Reading the Mind in the Eyes Test) et d’autres proposent des visages entiers.

Il est évident que les tests de perception du regard et des émotions jouent un rôle essentiel dans la compréhension et l’évaluation des difficultés sociales et cognitives des personnes atteintes de schizophrénie. Plus précisément, ils permettent :

• d’évaluer la capacité à comprendre les émotions : certains patients ne distinguent pas la colère de la peur, par exemple.
• d’étudier les biais dans la perception du regard : certains patients interprètent mal les intentions des autres en raison de biais cognitifs.
• d’améliorer le fonctionnement social : grâce à l’entraînement, les patients interagissent souvent mieux avec leur entourage et s’adaptent plus facilement dans des contextes sociaux.
• de mesurer l’efficacité des traitements : ces tests peuvent être réalisés régulièrement dans le cadre de séances de psychoéducation ou de remédiation cognitive et aident à évaluer les progrès dans la reconnaissance émotionnelle ou la gestion des biais sociaux.

Pour bénéficier de tests de perception du regard ou des émotions, il est crucial de être suivi par une équipe pluridisciplinaire et de consulter des structures médicales ou psychologiques spécialisées.

Ces tests requièrent une prescription médicale et peuvent être réalisés avant la confirmation du diagnostic, ou une fois le diagnostic établi. Votre médecin généraliste ou votre psychiatre peut vous orienter vers un professionnel ou une structure proposant des bilans cognitifs. Les parcours de soins en réhabilitation psychosociale intègrent également ces évaluations, indique Marie-Noëlle Babinet.

Une fois les tests effectués, les résultats sont analysés pour mieux comprendre votre gestion des émotions et des interactions. Plusieurs stratégies thérapeutiques peuvent être envisagées en fonction des résultats :

• Les résultats peuvent conduire à l’introduction de thérapies adaptées pour travailler sur les déficits émotionnels et sociaux identifiés.
• Des exercices pratiques peuvent être proposés pour améliorer votre reconnaissance des émotions et votre gestion des interactions sociales.
• Vous pouvez également bénéficier d’un soutien psychologique pour renforcer vos compétences sociales et émotionnelles et apprendre à mieux gérer vos relations.

• Ces tests évaluent des compétences isolées, comme la reconnaissance des émotions faciales ou la perception du regard, mais ils ne tiennent pas compte de l’ensemble des compétences sociales nécessaires dans la vie quotidienne.
• Ils peuvent révéler des déficits, mais ils ne prédisent pas toujours avec précision les comportements sociaux ou les interactions dans des situations réelles.
• Les tests sont généralement administrés dans un environnement contrôlé qui ne reflète pas toujours les situations sociales complexes et dynamiques rencontrées dans
  

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