Une grande majorité de patients, environ 80 %, éprouvent de l’anxiété avant de subir une opération chirurgicale. Cette anxiété peut parfois mener à une crise d’angoisse. Quels en sont les symptômes et quelles stratégies adopter pour la contrôler et calmer vos appréhensions ? Explications avec le Pr Axel Maurice-Szamburski, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Nice.
La peur de l’anesthésie, de l’acte chirurgical, de la douleur ou de voir ses activités quotidiennes réduites sont courantes chez les patients qui se préparent à une opération. D’après une recherche de l’Inserm, un haut niveau d’anxiété avant l’opération pourrait non seulement augmenter la douleur ressentie, mais aussi le risque de souffrir de douleurs persistantes trois mois après la chirurgie, quel que soit le type d’intervention.
Il existe deux formes d’anxiété : l’anxiété réactionnelle et l’anxiété généralisée. « L’anxiété pré-opératoire correspond généralement à une anxiété réactionnelle car elle est directement liée à l’opération chirurgicale, précise le Pr Axel Maurice-Szamburski. En revanche, l’anxiété post-opératoire est souvent due à l’attente des résultats, notamment dans les opérations de cancer, et à la peur de la douleur. »
Anxiété avant l’opération
L’anxiété pré-opératoire est très commune parmi les patients.
Bien que nous ayons autrefois utilisé des prémédications anxiolytiques, nous privilégions aujourd’hui des approches non médicamenteuses telles que l’hypnose médicale, la gestion de la respiration (cohérence cardiaque), la relaxation… Pr Axel Maurice-Szamburski, médecin anesthésiste-réanimateur.
Il ajoute : « Des recherches ont effectivement démontré que l’administration systématique de prémédication ou de sédation ne conduit pas forcément à une meilleure expérience pour le patient. Les anxiolytiques sont en particulier la cause d’une amnésie, qui peut altérer la perception du patient de son expérience et diminuer son niveau de satisfaction car il n’a plus conscience des soins qui lui ont été prodigués. »
Anxiété après l’opération et crainte de la douleur
Il est également courant que les médecins prescrivent des anxiolytiques aux patients anxieux après une opération chirurgicale. « Chez certains patients qui se plaignent de douleurs post-opératoires, il est parfois évident que l’anxiété joue un rôle important, confirme le spécialiste. Si une personne est de nature catastrophiste, elle pourrait imaginer que cette douleur est signe d’une complication grave et parfois, nous sommes amenés à prescrire un médicament pour les apaiser. Cela peut aussi affecter leur expérience post-opératoire : le patient peut avoir du mal à exprimer précisément sa douleur et cela peut entraîner une rupture dans la communication avec le personnel soignant. » Il continue : « Nous utilisons actuellement des échelles psychométriques pour évaluer l’anxiété pré-opératoire, le profil catastrophiste des patients ou encore leur capacité d’adaptation… »
Quels sont les symptômes ?
Les manifestations de l’anxiété, et plus spécifiquement de la crise d’angoisse, comprennent plusieurs symptômes :
- agitation ;
- une sensation de pression ou de boule dans la gorge ;
- accélération du rythme cardiaque (palpitations) ;
- difficultés respiratoires ;
- bouffées de chaleur ou frissons ;
- engourdissement ou picotements aux extrémités (paresthésies).
Anxiété péri-opératoire : qui est le plus à risque ?
Certains patients sont plus susceptibles de développer une anxiété péri-opératoire. « Particulièrement les femmes, et surtout les jeunes femmes, note le Pr Axel Maurice-Szamburski. Leur anxiété se manifeste souvent par une recherche intensive d’informations et elles ont tendance à moins bien gérer la situation, ou alors de manière plus symptomatique. »
Anxiété et crise d’angoisse péri-opératoire : quelles en sont les causes ?
La crise d’angoisse peut survenir lorsque les capacités d’adaptation du patient sont dépassées. Nos capacités d’adaptation nous aident à gérer le stress quotidien, mais lorsqu’une pression est trop forte ou trop soudaine, notre système nerveux est débordé et ne parvient plus à réguler l’émotion.
Nous mettons tous en œuvre des stratégies pour faire face au stress et aux difficultés. Pr Maurice-Szamburski.
Il poursuit : « Certains d’entre nous ont besoin de comprendre et d’analyser les événements pour évaluer la menace potentielle que représente une situation. D’autres, en revanche, ont des stratégies basées sur l’émotionnel. Pour ces derniers, il peut être nécessaire d’utiliser des techniques de distraction pour les sortir de leur contexte actuel. Par exemple, en évoquant leur famille, leur maison… »
Comment surmonter l’anxiété péri-opératoire ?
En plus de la prescription de médicaments anxiolytiques pour apaiser les patients anxieux avant ou après une opération, plusieurs méthodes non pharmacologiques sont également expérimentées. « Actuellement, il n’existe pas de consensus clair sur les approches non médicamenteuses, mais de nombreuses techniques sont employées, notamment l’hypnose conversationnelle, les casques de réalité virtuelle ou encore la communication thérapeutique où l’on encourage le personnel soignant à éviter d’utiliser des termes qui pourraient angoisser les patients. Par exemple, plutôt que de dire au patient qu’on va le piquer, on lui explique qu’on va installer une perfusion. » L’objectif est de réduire l’anxiété du patient et d’éviter ainsi qu’il ne développe ultérieurement une crise d’angoisse…
Que faire en cas de crise d’angoisse après l’opération ?
Les crises d’angoisse après une opération sont relativement rares. « La plupart des patients qui souffrent d’un trouble anxieux généralisé sont déjà suivis. Ils bénéficient d’un traitement régulier et il est conseillé de ne pas interrompre la prise d’anxiolytiques, voire de prendre un comprimé supplémentaire le matin avant l’intervention », explique le médecin anesthésiste-réanimateur. Et d’ajouter : « S’il arrive que certains patients aient une crise d’angoisse après l’opération, les soignants sont bien préparés à ce phénomène. Ils sont très attentifs et peuvent intervenir rapidement, soit par une démarche rassurante – par des gestes, le dialogue – soit, si nécessaire, par un traitement médicamenteux. Mais, cela reste assez rare… »
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