Définition : qu’est-ce qu’une névrose traumatique ?
La névrose traumatique est un trouble psychique qui survient à la suite d’un choc émotionnel profond : agression physique, abus sexuel, catastrophe naturelle… « À l’époque de Louis Crocq, un psychiatre militaire qui a contribué à la conceptualisation de la névrose traumatique, il fallait être confronté à la mort ou au risque de mourir pour développer ce trouble psychique, confie Cyril Tarquinio. Aujourd’hui on sait que certains événements adverses de la vie – violences familiales, harcèlement scolaire… – peuvent altérer notre santé mentale. Le stress post-traumatique est une réponse de l’organisme face à des événements qui mettent en déséquilibre notre intégrité psychique et peuvent, entre autres choses, s’exprimer en termes de symptômes post-traumatiques. Et, il ne faut pas avoir forcément vécu les attentats de Paris pour ça… »
Quels sont les symptômes de la névrose traumatique ?
Les symptômes de la névrose traumatique sont peu ou prou ceux du TSPT.
Névrose traumatique et syndrome de répétition
La névrose traumatique regroupe trois catégories de symptômes :
- les symptômes de répétition ou reviviscences ;
- les symptômes non spécifiques : asthénie, anxiété, difficultés de concentration, troubles psychosomatiques … ;
- l’altération de la personnalité.
Selon le psychiatre Louis Crocq, dans la névrose traumatique, le syndrome de répétition « est pathognomonique de la névrose traumatique ou de sa transposition moderne dans la nosographie américaine : état de stress post-traumatique. » Les manifestations cliniques du syndrome de répétition sont au nombre de sept :
- – la reviviscence hallucinatoire qui reproduit le cadre et la scène de l’évènement traumatique et que le patient croit revivre.
- – la reviviscence par illusion : par exemple, lorsque le sujet croise un passant dans la rue et le perçoit comme son agresseur venant sur lui.
- – le souvenir forcé : se distingue des reviviscences par hallucination ou illusion « en ce sens que c’est l’idée de l’évènement qui surgit à l’esprit, sans image ni son ; ou encore c’est le nom d’un camarade ou d’un parent décédé dans l’évènement », précise Louis Crocq.
- – la rumination mentale : se manifeste la plupart du temps sous la forme d’interrogations incessantes qui s’imposent à l’esprit de la victime : « pourquoi moi ? », etc.
- – le vécu comme si l’événement allait se reproduire : subitement, en l’absence de tout contexte de reviviscence, le sujet a l’impression d’être replongé au sein de l’évènement, et il éprouve la même détresse.
- – l’agir comme s’il se reproduisait : se manifeste par des réactions de sursaut ou de recroquevillement ; chez l’enfant, cela peut se traduire par des jeux répétitifs reproduisant l’accident ou l’agression.
- – enfin, le cauchemar de répétition fait revivre l’évènement traumatique au patient.
Trouble du stress post-traumatique entre reviviscences, hypervigilance et évitements
Le trouble du stress post-traumatique décrit dans le DSM-5 se caractérise par quatre grands clusters de symptômes appelés « carré symptomatique » :
- des reviviscences diurnes sous forme de flash-back ou nocturnes (cauchemars) de l’événement traumatique, des pensées intrusives ;
- l’évitement des situations, des personnes ou des pensées rappelant le souvenir ;
- une hyperactivité se manifestant par un état d’alerte permanent avec sursauts, une irritabilité, des troubles du sommeil ;
- une altération négative des cognitions et de l’humeur : culpabilité, honte, colère, peur, tristesse…
Traitement : comment soigner une névrose traumatique ?
Si la terminologie médicale diffère, le traitement de la névrose traumatique est aujourd’hui le même que celui du trouble du stress post-traumatique et repose principalement sur la psychothérapie, notamment les thérapies comportementales et cognitives centrées sur le trauma ou thérapies par exposition prolongée, ainsi que l’EMDR et la prescription de médicaments antidépresseurs si les symptômes sont trop envahissants.
« La névrose traumatique est un concept du début du XXe siècle et elle était traitée avec des outils du début du XXe siècle c’est-à-dire la cure psychanalytique ou les thérapies verbales, précise Cyril Tarquinio. Aujourd’hui, qu’il s’agisse de névrose traumatique, dont le terme est désuet, ou de TSPT on va les traiter avec les outils de notre époque c’est-à-dire les thérapies d’exposition ou encore l’EMDR. » Et de conclure : « Freud était un neurologue qui a conceptualisé avec les outils de son époque. Je suis sûr qu’aujourd’hui, il ferait de l’imagerie cérébrale, de la thérapie par exposition et de l’EMDR ! »
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